UN PEU PLUS LOIN, Frédérik Brandi, 2022

Diplômé des Beaux Arts de Monaco Florent Testa crée des sculptures et des installations en sable, cire d’abeille et laine. S’émancipant de l’outillage, il privilégie une gestuelle singulière combinée à des éléments fondamentaux tels que l’eau, l’argile ou la chaleur. En 2019 il équipe son atelier de technologies numériques : imprimantes et scanner 3D. Il enseigne le Design numérique au sein du cursus Diplôme National des Métiers d’Art et du Design (Dnmade). Lauréat du prix « Dialogue avec la médiathèque Marie-Toesca », son œuvre permanente est visible sur l’esplanade de la ville de Gattières dans la vallée du Var.

Quand on évoque la sculpture, on pense assez directement à la pierre et ce retrait de matière qui permet de faire émerger des volumes. Mais avec l’arrivée des imprimantes 3D, c’est l’étymologie même du mot « sculptere » qui pourrait bien devenir caduque. Plutôt que de tailler, d’enlever des morceaux, l’impression fonctionne à l’inverse par ajout, superposition de couches de matière, à partir d’un fichier. (Extrait Côte Magazine n°12-2021, Art numérique par Tanja Stojanov)

« Tout a commencé lorsque je me suis mis à créer des sculptures avec de la cire d’abeille et de l’eau. Je voulais garder un souvenir de ce travail éphémère, alors je les enregistrais par photogrammétrie. C’est à partir de là que j’ai eu l’idée d’imprimer des œuvres en 3D. »

Pour aller un peu plus loin que la matière, en surmontant les contradictions inédites engendrées par les nouvelles technologies qui créent des problèmes indissociables des solutions qu’elles procurent, Florent Testa installe cette forme libre issue d’un geste poétique et high-tech […]


ACROSS #29 THANKYOUFORCOMING, Asli Seven, le 29 juin 2021

[…] Florent Testa a créé un personnage : l’abominable homme climatique, cryptide contemporain, ici, dans les archives du Musée de Préhistoire Terra Amata, entre les silex et les bifaces, dans son costume synthétique climatisé, déployant des exercices de transfert d’énergie : refroidissement et réchauffement.[…]


L’ESSENCE DE L’ART (STRADA n°347)
Pour la 22e fois, le collectif no-made investit la Villa Le Roc Fleuri à Cap d’Ail, du 4 au 27 septembre. Le thème retenu cette année : Substrat. no-made est un collectif d’artistes tout à fait atypique, de par sa pérennité, son ouverture et ses interventions en « territoires inconnus ».
Sa démarche est libertaire et a servi à offrir une relecture de notre territoire avec cette volonté de partage, sans aucune posture péremptoire…
Lieu emblématique pour cette singulière équipe, la Villa Le Roc Fleuri à Cap d’Ail accueille le collectif pour la 22e fois. Preuve en est de la solution trouvée à la préservation de la fraîcheur et au refus de sclérose, la curation
donnée à Stéphanie Lobry que l’on a vu démarrer il y a quelques années avec son tricotage magique, qui fit le buzz tant l’appel à cette technique était inattendue. Curation partagée avec un jeune artiste qui trace lui aussi
sa route avec un charme fou, une légèreté et un questionnement
étonnant sur la matière : Florent Testa. On se rappelle ses nuages faits de matériaux naturels surprenants.

no-made n’est pas un cénacle où l’ancien doit avoir le pouvoir ; ils savent faire briller dans le firmament quelque peu compassé de cette chère Côte d’usure le mot ensemble.
Le thème cette année : Substrat. Mot gigogne, concept à tiroirs, tout à fait proche du merveilleux jardin de la Villa Le Roc Fleuri où très souvent se dressent les petites perles que no-made nous réserve chaque année. « À travers ce mot Substrat, c’est le sentiment d’essence, de base de l’art contemporain, mais aussi ses mutations, ses développements qui sont recherchés. Substrat devient alors le support fondamental de l’acte plastique mouvant, peut-être le socle solide des propositions artistiques
? Nous exposerons les propositions plastiques, sonores et performatives de 27 artistes. Ces propositions vont définir une déambulation entre ce que nous nommerons : L’apparent, Les règnes du vivant, Mort et renaissance, Strate et tracé, et enfin, Sous la maison », proclame le collectif.
Le fait d’utiliser le dessous de la maison serait-il une volonté d’afficher un art underground ? Ou plutôt une gestation, une germination qui annonce de futures floraisons pour un sens que no-made cultive en dehors d’un
art contemporain mainstream quelque peu nombriliste par moments. Une bouffée d’air frais qui surgit des tréfonds du… Substrat, en quelque sorte.
Cette exposition ne sera pas une « photographie qui durera trois semaines, car elle évoluera au fur et à mesure au niveau des créations présentées », indique Stéphanie Lobry. Ainsi se succéderont durant 3 semaines, une journée d’ouverture en présence, un vernissage, des remises de prix, des visites guidées, des performances… Michel Sajn


Cote magazine (numéro 12, 2021)
Art numérique
Par Tanja Stojanov (extraits)

Impression 3DRéinventer la sculpture
Après avoir bousculé le design et la mode, l’impression 3D débarque dans le champ des arts plastiques. Une petite révolution des formes à explorer via l’œuvre de trois artistes azuréens.
Quand on évoque la sculpture, on pense assez directement à la pierre et ce retrait de matière qui permet de faire émerger des volumes. Mais avec l’arrivée des imprimantes 3D, c’est l’étymologie même du mot « sculptere » qui pourrait bien devenir caduque. Plutôt que de tailler, d’enlever des
morceaux, l’impression fonctionne à l’inverse par ajout, superposition de couches de matière, à partir d’un fichier 3D. « Tout a commencé lorsque je me suis mis à créer des sculptures avec de la cire d’abeille et de l’eau, se souvient Florent Testa, enseignant en mention numérique pour le DN Made
de l’école Goscinny. Je voulais garder un souvenir de ce travail éphémère, alors je les enregistrais par photogrammétrie. C’est à partir de là que j’ai eu l’idée d’imprimer des œuvres en 3D ». En dehors de sa pratique plus chamanique liée à la terre et aux éléments, l’artiste a ainsi sauté le pas du numérique en imprimant en fils de PLA, comprenez polylactic acid : « On retrouve cette dualité dans
l’œuvre que j’ai baptisée Ulysse entre Charybde et Scylla. Ulysse en essayant d’échapper à un premier
monstre marin arrive à un second, comme le plastique a été une solution technologique pour rendre le design plus léger mais pose problème désormais.» Ironie du sort, les impressions 3D à l’acide polylactique sont d’ailleurs aussi employées aujourd’hui pour remplacer des pièces et donc lutter contre l’obsolescence programmée.
(…)
Comme David Hockney a pu se saisir en son temps du fax pour recréer son
œuvre, ces plasticiens contribuent ainsi à leur mesure, par leurs recherches et productions, à étayer ce champ de la sculpture où tout reste encore à bâtir, à réinventer.


La Strada n°326, p13, 20 janvier – 2 février 2020, Nicetélécharger le pdf

La tête dans les nuages Florent Testa, qui a récemment exposé chez Eva Vautier pour l’exposition collective Azimuth, vient de concrétiser son premier appel d’offres pour la médiathèque de Gattières, avec une œuvre installée depuis le 7 décembre dernier sur l’esplanade du bâtiment. Ce jeune créateur, au discours frais, nous raconte cette première « aventure ». Anne Giujuzza, délégué culture et patrimoine à la mairie de Gattières, a lancé il y a plusieurs mois un appel d’offres, notamment relayé sur le site de la villa Arson, qui a capté l’attention de Florent Testa. Avec ses sculptures évoquant des nuages, la citation du « Cloud » dans ce concours de sculpture Dialogue avec la médiathèque Marie Toesca , qui demandait la création d’une œuvre évoquant le partage du savoir en ligne, en complément des supports traditionnels (CD, DVD, livres…), a fait tilt.  » Le cloud, nuage de données, médiathèque numérique, archivage, mémoire, flux de sculp – ture, flux de données… Quand je vois l’appel à projets, tout a l’air fait pour moi. Je fais des sculptures avec des matériaux du coin proche du territoire comme la cire d’abeille, l’argile, le sable… je joue les chamanes. (…) L’été dernier, j’ai pris moi- même un grand tournant dans ma pratique de sculpture en m’équipant de matos comme un scanner 3D (bidouillé à partir d’une vieille console de jeu) et une imprimante 3D (achetée en Chine). C’est un grand écart entre la cire d’abeille que j’achète sur le marché de la Libération à Jean Claude et les machines que j’importe directement de Shenzhen. Je vis dans ce paradoxe et je fonce. Ce que je développe le plus, ce sont des coulées de cire fondues dans l’eau. Ça fait des gros nuages et on peut imaginer plein de trucs à voir en les regardant (comme les vrais nuages) . » C’est donc désormais à partir d’une imprimante 3D que ses œuvres prennent vie ! Impression 3D en polymère de 1m10 de large, d’après la numérisation d’un original en cire d’abeille, monté à 4m de haut sur un mât en acier, son Nuage a remporté ce concours .  » Aujourd’hui, je scanne en 3D mes giclées de cire. C’est mieux qu’en photo. Du coup, mes cires sur lesquelles se balade la lumière deviennent un ensemble de points virtuels avec des coordonnées numériques x,y,z. En 3D. Le fichier .gcode, c’est comme le moule. Et avec la machine, je peux imprimer à l’infini (je me limite à 8 originaux et 4 épreuves d’artistes. C’est la loi de l’art issue des tirages en bronze, je crois…). Je retrouve après l’impression la même lumière qui se balade sur un volume, le même sentiment. Voilà, j’imprime maintenant en polymère bien solide mes sculptures en cire d’abeille. Je fais de la sculpture pour l’espace public « . Et le résultat est ce Nuage , ce « cloud » installé de manière perma – nente sur l’esplanade de la médiathèque de la ville de Gat – tières, dans la vallée du Var. Un nuage dans le ciel et dans le – quel on peut voir ce qu’on imagine en fonction des heures de la journée et de la lumière. Petite question, cette sculpture ne ferait-elle pas de l’œil au CIAC (Centre International d’Art contemporain) de Carros et à Frédéric Brandi ?

Michel Sajn


Gattières – Bulletin municipal #21, Culture, p.20 – Janvier 2020télécharger le pdf


Nice Matin, 04/12/2019 archive en ligne


Lauréat Sculpture dans l’Espace Public – Dialogue avec la médiathèque Marie Toesca, Bulletin officiel de la ville de Gattières, Culture, 2019

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

F.T : Je suis artiste plasticien. Je fais de la sculpture et m’interroge particulièrement sur les processus de transformation de la matière. Je donne des cours de méthode de conception et de culture design, à l’Académie de Nice, à de futurs designers et/ou artistes. Je suis aussi « maker » et anime des réflexions autour des technologies d’impression 3D.

D’où vous vient cet intérêt pour la matière ?

F.T : Une facette de mon travail est de réaliser des installations temporaires et malléables mettant en scènes des matériaux à forte charge symbolique et sensorielle tel que la cire d’abeille, l’argile, le sable ou même la laine de mouton et aussi l’eau. L’appauvrissement des matériaux et les enjeux énergétiques actuels orientent mes travaux vers des matières proches de nos corps et renouvelables. Je suis comme un pionnier, décidé à les faire apparaître à chaque fois sous un jour nouveau, trouver leurs secrets. Récemment la fabrication additive (impression 3d) a déployé ma perception de la matière. C’est une manière de créer des formes et des objets sans retirer un seul gramme de matière. Cela nous rapproche de la manière dont s’organise les cellules ou comment les arbres grandissent.

Pourriez-vous nous parler des rencontres qui vous ont marquées ?

F.T : Quand j’étudiais au Beaux Arts de Monaco, j’ai travaillé avec le sculpteur Jean Michel Othoniel à Paris sur l’archivage numérique de tous ses travaux. Je numérisais des diapositives, des photographies, des croquis, des couvertures de livre. J’avais développé un script informatique pour accélérer ce processus fastidieux. Aujourd’hui j’utilise un scanner 3D bricolé à partir de vieux équipements numériques et je scanne en 3D toutes mes sculptures, des plus triviales au plus rares. Je refonds et récupère la matière pour la photographier ou la scanner sans cesse sous de nouveaux traits. En 2012, j’ai rencontré Simone Simon représentée par la Gallerie Eva Vautier. Elle photographiait les stations balnéaires du Var et de la Camargue hors saisons, vides et hantées. Puis j’ai rencontré le peintre Denis Castellas, son atelier, ses peintures. Cette rencontre m’a conforté dans l’idée d’être un artiste à 100 %. Denis Castellas peint tous les jours ! Et plus récemment Stéphanie Marin et SMARIN, LE studio de design implanté à Nice. Pour le travail d’équipe et la force d’innovation au service d’un monde meilleur, admirable, dynamique et en bonne santé.

Est-ce que vous avez un conseil à donner à quelqu’un qui souhaite se lancer ?

F.T : De ne jamais baisser les bras et ne pas craindre de les baisser. C’est toujours un éternel recommencement, un enchaînement vertueux d’échecs et de satisfactions qui repoussent nos limites et nos désirs. De suivre surtout les conseils des personnes qui nous entourent et de croire en soi.

Quel autre métier auriez-vous aimé faire ?

F.T : Sans hésitation archéologue, paléontologue et ethnologue pour trouver l’origine de l’humanité et élaborer des hypothèses à la fois farfelues et crédibles. J’ai fait des fouilles bénévolement en Corse, c’était en 2012. Nous avions creusé à 1m de profondeur et j’avais trouvé la seule pointe de flèche en obsidienne de tout le chantier. Il y avait aussi plein de tessons de céramiques de l’époque du néolithique décorées avec des vaguelettes.

Quel impact ce concours va-t-il avoir sur votre vie professionnelle ?

F.T : Une visibilité pérenne de mon travail. C’est fou ça quand même ! Et un tremplin vers d’autres projets dans l’espace public, dans des galeries d’art. Mais aussi la poursuite  de mon œuvre participative et itinérante intitulée Atelier de fonte de cire dans l’argile et le sable avec les jeunes publics et peut être une ouverture au CIAC de Carros …


Gattières une Histoire d’avenir, Bulletin officiel de la ville n°7, 2016, Culture, p.22
« Un jeune artiste très prometteur – Nous avons pu admirer le talent de ce jeune artiste d’art contemporain Florent Testa qui a exposé ses sculptures et ses aquarelles ; Florent Testa s’inspire des éléments tels que la cire, l’argile, l’eau le plâtre pour créer un univers empli de sa poésie intérieure. Déjà primé en scénographie, dessin et cinéma à Monaco, il enseigne également l’histoire de l’art aux étudiants. un grand succès pour cette exposition exceptionnelle et nous pouvons noter la présence exceptionnelle au vernissage de l’artiste de renom niçois Denis Castellas. »


Vence-info-magGattières, 2016
« Florent Testa réalise des sculptures en cire d’abeille. Cette matière naturelle et malléable lui permet de remodeler la pièce jusqu’à obtenir la forme désirée. L’artiste peut ainsi laisser libre cours à son imagination créant des objets évoquant des formes usuelles tels que des tabourets ou des récipients mais aussi des œuvres abstraites.
Ces sculptures utilisent une technique originale maniant l’art du moulage et la peinture. Elles sont issues d’un « geste » dans l’argile ou l’eau, le sculpteur déposant un objet au sein d’une motte d’argile et le récupérant d’un geste vif. »
Texte de Isabelle & Jean Seguin


Campus.nicematin.com – le 28 février 2014

http://florent-testa.com/wp-content/uploads/2016/03/campus-nice-matin_2014_presse_florent-testa_001.pdf


Pavillon n°4, Mise en scène du réel, 2013, p.48http://florent-testa.com/pavillon_2013_publication_florent-testa_002/
« De nombreux artistes aujourd’hui sont attentifs à l’étrangeté du monde, et nous parlent d’un réel confus et malléable.Dans ce contexte, la sculpture hyperréaliste est employée à des fins plus confondantes que jamais et vient exprimer les préoccupations de notre société actuelle.
La médecine et la science ont fait des bonds technologiques considérables. Les manipulations génétiques se multiplient ; la chirurgie esthétique confère une jeunesse éternelle ; les sexes s’échangent.Toutes ces évolutions technologiques influent déjà sur l’apparence des corps et de notre environnement. (extrait du mémoire de DNSEP 21012, L’Art d’attraction)


Arte.tv – le 4 juin 2009télécharger le pdf